17/02
J’observe la montagne defiler autant que les kilometres depuis la route qui domine le lac Pivsko qu’on longera pendant 16 km jusqu'à Plujine. Les 2 Monténégrins, qui m’ont pris à la frontière, me déposent et récupèrent 2 couvertures roulées sous la banquette qu’ils chargent dans la voiture d’un compère qui attendait. Je ne sais pas ce qu’ils trafiquent mais ils m’ont emmené au Monténégro, c’est tout ce que je leur demandais.
C’est étonnant de rentrer dans un pays dont on ne connaît rien, ni les coutumes, ni l’histoire. C’est comme aller au cinéma voir un film dont on ne connaît pas le sujet. A l’écoute du moindre détail, on se demande de quoi il s’agit ?
Dans ce cas, il s’agit d’une des 6 républiques, ayant composées l’ancienne fédération yougoslave, peuplée de 630 000 habitants pour une superficie 140 000 km carrés. Un chauffeur me racontera l’histoire suivante au sujet du son Pays :
« Le president du Montenegro demanda un jour à être reçu avec sa délégation par le gouvernement chinois. Le représentant de la Chine avise Hu Jintao, le président chinois, du désir de son homologue Monténégrin.
‘_Bien sur ! Nous pouvons les recevoirs. ’ Dit le président
On lui decrit brievement le pays avec ses 630 000 habitants.
Le président chinois demande alors :
_’Ils viennent tous ? ‘»
Bon je ne suis pas doué pour raconter les blagues, c’était simplement pour illustrer la petitesse du pays.
Le Monténégro est le premier état à avoir inscrit la protection de l’environnement dans sa constitution. Il reste pourtant des efforts à faire de ce coté. On retrouve de nombreux déchets dans les rivières de montagnes et ce jusqu’à Podgaritsa.
Le Monténégrin qui s’arrête, va à Nikchich, et ne parle pas un mot d’anglais mais, me fait comprendre qu’il m’a vu à Plujine. Il appelle quelqu’un avec son portable et me le passe. C’est sa fille, elle parle anglais. Elle m’explique qu’elle fait ses études prés de Podgorica la capitale et déplore que je ne puisse pas apprécier leurs montagnes, les traversant de nuit. Non loin d’ici en direction de l’est, ce trouve le parc du Durmitor avec le toit du Montenegro qui culmine à 2522 m et près duquel coule la rivière Tara qui est le plus grand canyon d’Europe. Ses falaises atteignent 130 m à certains endroits. C’est une raison suffisante pour que je revienne. Elle me dira que son père peut me déposer à la station de bus de Nikchich, les bus ne sont pas chers. Le Monténégro utilise l’Euro depuis 2002 sans être officiellement dans la zone Euro.
La question de l’indépendance a beaucoup divisé le Montenegro, peuplé à 32 % de Serbes, 40 % de Monténégrins le reste étants des Albanais, Croates, Bosniaques et autres. Le destin du Montenegro a souvent été lié à celui de la Serbie. Ils ont été partenaire bien des fois dans l’histoire. Contre les Ottomans en 1912, contre L’Autriche-Hongrie en 1916. Le Monténégro fera partie des 3 Yougaslavies au coté de la Serbie jusqu’en juin 2006 où le peuple Montenegrin c’est exprimé en faveur de l’indépendence. Je ne trouve pourtant pas chez les Montenegrins, qui sont serbes du point de vu ethnique, l’identité nationale que j’ai pu rencontrer en Croatie par exemple. En fait, je rencontrerai peu de personnes se disant Montenegrin.
J’arrive à Podgorica le soir même. Anciennement Titograd, c’est une ville qui se développe beaucoup, j’y vois bon nombre de bâtiments en construction. La richesse du centre ville, avec ces bâtiments modernes, la fontaine sur la place de la mairie, la belle chaussée pavée dénote avec certains quartiers alentours dont le niveau de vie ne semble pas élevé. Je croise régulièrement des vendeurs de cigarettes ou de diverses choses, dans la rue. On se fait de l’argent comme on peut dans ce pays ou le salaire moyen est de 250 euro et ou paradoxalement il y a plus de portables que d’habitants me dira quelqu’un dans une station service.
Je passe 3 nuits dans l’hôtel le moins onéreux que je trouve. Quel bonheur de pouvoir me doucher et dormir, enfin une nuit dans un lit, après une semaine depuis l’auberge de Sarajevo. Après ses 3 nuits, je me décide à bivouaquer en dehors de la ville. Mirko, rencontré dans un cyber café, ne m’en laissera pas l’occasion car il me propose de dormir dans la chambre qu’il loue pour 120 euro. Il est serveur dans un restaurant ou il gagne 250 euro.
Le soir on va à l’anniversaire d’une de ces connaissances au restaurant ou il travaille. Les filles y sont d’une beauté incroyable. C’est un fait, les slaves sont empreintes d’un charme fou qui met mes sens en émoi.
Le lendemain, le 21/02 je quitte Podgorica après une visite de labo et de l’école de prothèse. Direction le fjord le plus méridional d’Europe, la baie de Kotor. Je fais un arrêt à Ulcinje, la capitale historique, pour visiter le musée sur l’histoire du Montenegro. On y allumera les lumières pour moi. A croire que je suis le seul touriste ici ! Peu d’inscriptions en anglais dans ce musée où j’apprendrai peu de chose.
Je quitte Ulcinje le même jour direction Kotor. Je choisi la petite route qui traverse le Lovchen bien qu’on me l’ai déconseillé, car peu utilisée. Au sommet du Lovchen, George Bernard Shaw se serait exclamé : « Je suis au paradis ou sur la lune ? »
Je ne suis pas au sommet de cette montagne mais j’apprécie ces montagnes ou la végétation ce fait rare. J’en apprécie d’autant plus le calme car aucune voiture ne passe par ici. Ce n’est pas pour me déplaire car marcher dans ce panorama fabuleux est un vrai plaisir. J’aperçois dans la descente sur la baie, que j’atteins le soir même, le contour du littoral que dessine l’éclairage public.
A Kotor, je pénètre dans la vieille ville par la porte principale datant de la première moitié du XVI ème siècle. La ville est ceinturée d’un rempart de 4.5km de long qui grimpe sur la montagne. J’avance en observant le rempart illuminé par un éclairage nocturne. Puis, à travers les petites rues pavées, je me dirige vers le centre de la vieille ville attiré par une musique assez forte. J’atteins une place bondée. On m’explique que c’est une soirée spéciale, faisant partie de la période de fête à Kotor pour le Carnaval. Il y a plusieurs buffets où l’on découvre les plats traditionnels de la baie et d’ailleurs. Mon guide pour la soirée, un anglophone rencontré dans la foule, me dira que beaucoup de gens ralaient à cause de mon sac. Ce n’est pas très pratique de traverser la foule pour remplir sa gamelle, de se faire bousculer sans renverser la précieuse pitance, avec ce sac sur le dos.
Apres une deuxième incursion dans la foule, en quête du sucré, je me retrouve invité dans un bar à boire une Nik, une bière nationale, de la ville de Nikshich.
Rasha, un musulman que je rencontre dans le bar, me propose de dormir dans la chambre qu’il partage avec Sasha, un serbe de Belgrade.
Je resterai pour la période du Karneval, hérité du passage des Vénitiens qui s’y établirent pendant près de 400 ans.
Un soir je me retrouve suite à des circonstances mystérieuses en femme africaine à me faire toucher la poitrine une bonne partie de la nuit pour 50 euros !
Je m’explique, je me suis fait inviter au bal masqué (MaskenBal) par Daniella et Natasha. Une discothèque y organise chaque année un concours, notre équipe de 10 joyeux lurons, gagnera le 3eme prix.
L’atmosophère est particulière dans Kotor, après seulement quelques jours, je suis connu de quasi tout le monde. Je marche en direction de la pizzeria ou j’ai mes habitudes, on m’interpelle dans la rue : « hey, Djouliane, comment vas-tu ? » On ce tape dans la main. Arrive dans la pizzeria, grande exclamation : « Gované ! » (On m’appel comme ça ici) je frappe dans la main de tout le monde, dans un claquement sonore. J’y aide Boyane, qui fait des études de tourisme, à écrire un résumé en français sur le Monténégro. On fera le tour de Kotor ensemble, ou il me présentera, la tour de l’horloge du XVIeme siècle qui penche légerment depuis séisme de 1979, l’église Sainte Marie, en pierre rose et blanche du XIVeme siècle, qui surplombe la ville, et la cathédrale, Saint Tryphon (1166) dont plusieurs personnes seront fières de me la présenter comme plus ancienne que Notre Dame de Paris.
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