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Ukraine Arrivé à Kupinsk en train, je sors de la ville, tente des herbes hautes pour passer la nuit, mais le terrain est en pente, j’ai déjà essayé ce genre de truc c’est inconfortable. Il y a bien une ruine près du chemin de fer mais l’odeur n’y est pas engageante, c’est de l’autre côté du chemin de fer face à une maison que je ferai ma nuit entrecoupée par le passage des trains de marchandises, puis le chien de la maison se rend compte de ma présence. Il aboie jusqu’au matin quand la propriétaire décide d’ouvrir le portail en bois pour voir ce qui le dérange. Je lui lance un grand sourire accompagné d’un signe de la main alors que je fini le café soluble que je me suis préparé avec de l’eau pétillante, à défaut d’autre chose. Elle disparaît sans un signe. Je retourne dans le centre ville. Première chose à faire avant d’acheter un plan d’Ukraine, c’est de retirer de l’argent. ‘ Unsufficient fund’ sera la réponse de l’automat. Bon ! Il fallait bien que cela arrive à un moment, bien qu’il ne me semblait pas être à découvert. Consulter mes comptes par internet m’est impossible il me faudra des sous pour payer la connexion, appeler c’est pareil. Tu voulais l’aventure, hein ? Et bien te voilà les 2 pieds dedans ! Il ne me reste plus qu’une seule chose à faire : avancer. Ca semble simple mais la seule ville que je connaisse c’est Kiev, la capitale qui est à près de 600 kilomètres à l’ouest de ma position. Je regarde ma boussole, et marche en direction de l’ouest et demande en chemin la direction de Kiev. Grande difficulté de communication, quand on m’entend parler autre chose que l’Ukrainien on me fait non de la main en continuant son chemin. J’ai beau essayer de prononcer Kiev avec toutes les intonations possibles ça ne passe pas. Mon statut de voyageur étranger, que j’avais acquis en entrant dans les pays ou mon visage, mes vêtements et ma couleur de peau trahissaient ma condition, change pour retrouver celui de vagabond. Ici j’ai le sentiment d’être un être à éviter, duquel on se méfie. J’observe une mère qui pousse un landau changer de trottoir quand elle voit que je m’approche après avoir demandé ma route, encore sans résultat, à deux hommes. Je trouve enfin quelqu’un qui m’indique une direction. C’est de l’autre côté. Je passe devant la gare une fois de plus pour revenir du côté ou j’ai passé la nuit sans trouver de route. De là on m’indique la direction opposée. Je repasse devant la gare que je commence à connaître, puis la gare routière où les bus qui vont à Kiev me font de l’œil, les voyageurs me regardent passer une fois de plus, ensuite vient les boutiques du centre, le distributeur qui refuse de me donner ses sous, le pont de la voie ferrée. Après un moment de marche c’est dans une boutique cette fois ci que je demande confirmation, on me dit que la direction d’où je viens est la bonne. Et me voila reparti, re-pont, re-distributeur, boutiques, voyageurs, bus, gare. Je prends cette fois ci la route qui va à droite comme on me la indiqué, cela me mène à la voie ferrée et est sans issue. Un cheminot me dit que c’est de l’autre coté !!! Est-ce que ces gens savent où se trouve la capitale ? Y ont-ils jamais été dans leur vie ? Toujours est il qu’ils sont très divisés sur comment s’y rendre. Le pas plus lent, le sac qui me semble plus lourd, je me retape cette pu….n de gare, puis bus à la c…, ensuite les voyageurs qui me reluquent avec mon chapeau de cowboy tirant mon caddie, et les boutiques dans lesquelles personne ne pourrait aller à Kiev, et le distributeur de m… et enfin le pont qui me fait ch… Cette fois j’m’en fous, j’avance. Avec pour tout vivre ce que l’on m’a donné dans le train : 3 sachets de café soluble, une boite de sardine, une de pâté (que je donnerai plus loin), une boite de petits gâteaux, une demi-bouteille d’eau gazeuse, un bout de pain rassis et 2 paquets de cigarettes. Que Kiev soit par là ou pas j’en ai rien à cirer. Je tends le pouce et marche en même temps pour éviter l’attente au bord de la route. Une heure sans succès. Un coin d’herbe me reçoit pour que j’y fasse un festin. Je voulais économiser mes vivres mais la faim me l’empêche. Je demande de l’eau à 2 jeunes filles qui rentrent chez elles. L’une d’elle parle anglais, elle est toute excitée à mettre en pratique ce qu’elle a appris pendant son cours. Elle pousse des petits cris stridents en se tapant les mains, elle est vraiment très contente ! Je rencontre leurs grands-parents et leur mère qui m’invitent à manger avec eux. J’ai le ventre plein mais je me force à avaler le Borch Ukrainien pour faire des réserves sachant qu’il ne me reste plus que… les cigarettes et le café soluble! Je les accompagne jusqu'à la rivière pour un bain avant de retrouver la route en direction de Kharkive, l’ancienne capitale, qu’ils m’indiquent. Je marche pour ne pas m’ennuyer jusqu'à ce que, fatigué, je décide d’attendre au bord de la route. Un voisin surpris de ma présence, sort de sa maison et vient me voir. Je lui montre le papier me présentant, il me dit « bus ?» je lui mime que je n’ai pas d’argent et donc ne peut prendre le bus. Il disparaît sous la pluie et me revient avec 50 grivnas pour me payer le bus ! Je le remercie humblement mais lui fais savoir que je vais plutôt les utiliser pour me payer à manger et continuer l’autostop. Deux voitures et une camionnette plus tard je pose mon sac dans un bosquet situé à l’embranchement d’une voie rapide qui mène à Kiev. Une pluie nocturne me pousse à me glisser dans mon sur-sac et à couvrir mes sacs avec ma pèlerine. Dormir en extérieur n’est pas reposant et ç’a l’est encore moins si la pluie s’y ajoute. Je me redresse tout à coup quand je sens de l’humidité sur mes pieds. Je m’étais installé dans une cuvette ou l’eau s’accumule, mes pieds y trempaient joyeusement. Je fais le ver de terre pour me sortir de cette piscine. Au matin, quelques instants de soleil me permettent de sécher mon sac de couchage étalé sur un bout de route. Je mange dans la cabine d’un routier qui m’observait. Il se tape la carotide avec l’index quand je monte. Ce geste on me le fait depuis le Kazakhstan, c’est lié à la consommation d’alcool, mais je n’en connais pas le sens exact. Peut-être est-ce lorsque l’on fait un coma éthylique on tape sur la carotide pour voir si le buveur est encore vivant ? J’ai pas envie de me faire tâter la carotide alors je refuse l’habituel verre de vodka puis me remets en route. Je marche toute la journée sans que personne ne s’arrête puis m’endors dans un sous bois. La température est suffisamment élevée pour ne pas avoir à me glisser dans mon sac de couchage, seul mon drap de couchage suffit me protégeant du même coup de la horde de moustiques qui me tourne autour depuis le coucher du soleil. Le café soluble dans le ventre je reprends la route, cette fois la journée est plus payante et je n’aurai pas à marcher bredouille. Je serai invité à manger par un des automobilistes. Ca ne sera pas encore aujourd’hui que je jeûnerai. C’est visiblement chez sa fille que nous sommes, je ne saisis pas vraiment tout, nous n’avons aucune langue commune, mais il semble très heureux de m’avoir à sa table. Je me remplis bien la panse et il me dépose en direction de Kiev. Ensuite c’est un couple de jeunes au niveau d’anglais très correct. Ils ont fui le bruit, la cohue et la pollution de Kiev pour vivre au vert. Nous sommes dans un « un cercueil roulant » me disent-ils. « C’est comme cela qu’on appelle ces voitures chinoises ici. Il y a toutes les options dedans mais il ne faut pas avoir d’accident avec, parce-que ni les airbags ni les pare-chocs ne seraient très efficaces ! » Je laisse le cercueil pour une nuit dans un champ de blé, couché sur cette terre noire du grenier de l’Europe. Le seul avantage d’une nuit dans un champ de blé est les photos qu’on peut y prendre, car j’y ai passé une nuit impossible. Qu’est-ce qu’il peut y avoir comme bestioles là-dedans ! Si on m’avait dit avant de partir que je me serai retrouvé à 3 heures du matin, debout, à poil, dans un champ de blé en Ukraine en train de secouer mon sac de couchage pour en faire sortir ce qui me gratte, non seulement je l’aurai pas cru mais j’aurai pas signé ! (bon peut être pas mais passons.)
J’arrive enfin à Kiev et entre dans le métro dans la banlieue ouest. Un Ukrainien francophone assis à côté de moi me présente la ville en 10 stations. « Kiev fut la capitale du plus grand état d’Europe au 11 ème siècle… C’est depuis Kiev que Vladimir 1er baptisa la Russie en 989 pour donner la religion orthodoxe à son peuple… Tu dois aller voir le monastère de Pecheresk-Lavra…la Cathédrale Sainte Sophie…la porte d’or… » La station Zoloti Vorota ou je descends est fantastique. Une succession d’arcades couvertes de mosaïques me saisit. « C’est interdit de prendre des photos ici ! » me fait mon hôte. « C’est un endroit stratégique » ajoute t’il. Il a été construit pendant le communisme et était utilisé comme abri antiatomique. Il faut monter deux immenses escalators pour faire surface 100 mètres plus haut devant la porte d’or, une reconstitution de l’entrée principale de la ville du XIème siècle qu’avait édifier Yaroslav le sage, le fils Vladimir, le mec qui a baptisé la Russie dont j’viens d’parler, suivez un peu merde ! Je prends du temps pour écrire ces conneries. Je me trouve une banque pour changer mes derniers travellers-chèques que l’on me refusait dans les autres villes et solutionne mon problème d’argent qui n’en a pas été un car j’ai été invité à manger bon nombre de fois. En fait, moins je possède et plus on partage. En effet, pourquoi offrir un repas à quelqu’un qui a de quoi se le payer ? Le voyage sans argent m’apparaît donc possible. Je découvre ces restaurants selfs qui proposent les spécialités Ukrainiennes avec une déco de ferme dans lesquels je me régale de Borsch, de varenniki et de kasha, le sarrasin en Ukrainien. Je passe mes premières nuits au bord de la Dniepr avec en point de mire le monument de la mère patrie, une statue de 100 mètres de haut pointant son glaive dans le ciel qui domine Kiev. Derrière se trouve le monastère de Pechersk-Lavra centre réputé de L’Orthodoxie Chrétienne, lieu de pèlerinage très fréquenté pour les orthodoxes du monde entier. Le premier à s’y établir, Saint Antoine le fit dans une des grottes qui furent par la suite transformées en tombes lorsque la vie monastique fût transférée vers la surface. Le centre Pechersk-Lavra connu rapidement un fort développement et resta pour plusieurs siècles un centre ou les peintres, sculpteurs et architectes venaient y perfectionner leur aptitudes. Les bâtiments qui on soufferts des calamités de l’histoire comme le tremblement de terre de 1230, l’invasion des mongols, les guerres mondiale et incendies… sont aujourd’hui restaurés. Je serai ensuite hébergé chez Jean Jacques Monborgne, un prothésiste français ayant ouvert un centre dentaire il y a 10 ans. Il me propose tout de suite une douche, je dois sentir le phoque ! .... ...la suite dans le livre de cette aventure. Je commande mon exemplaire | ||
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